Le Mont Blanc, pas celui de la France mais celui de la Réserve faunique de Matane (1063 m) est rarement accessible en hiver pour les skieurs de fond hors-piste que nous sommes; bien entendu, les amateurs de descente en poudreuse guidés par Vertigo Aventures peuvent le fréquenter après une assez longue balade en motoneige et quelques nuits en yourte. Comment y accède-t-on? Il s’agit simplement d’entrer sur la Réserve faunique de Matane par le poste d’accès John (près de la route 195) et de rouler pendant 34 kilomètres sur la route 1 jusqu’à l’intersection de la 19. Mise en garde: ces 34 kilomètres de route ne sont pas déneigés sauf à l’exception d’activités forestières; ce n’est pas le cas en ce mois de décembre 2017. Nous partions ainsi avec beaucoup d’impondérables sachant que le Mont Blanc pourrait être inaccessible (route impraticable par nos véhicules à traction intégrale, de vrais Jeep de coiffeuse!) et pas du tout skiable étant donné que l’hiver se laisse désirer en ce de début de décembre. Finalement la chance est de notre côté : accès au pied du Mont Blanc et la neige est au rendez-vous.
Notre groupe de 6 personnes (Denis, Nelson C., Nelson S., Gaétan, Chantal et moi) s’engage sur les quelques centaines de mètres de plat la route 1 puis débute la longue ascension sur le chemin du Mont Blanc (dénivelé de 700 mètres sur environ 8 km). Il y a déjà assez de neige pour ne pas risquer d’endommager les skis; la route est large et la grimpe douce. Denis et Nelson S. feront un peu d’exploration autour de la montagne. Gaétan nous guide habilement et sera l’ouvreur principal. Nous atteindrons le début de la forêt de fantômes à 4; on se croirait en mars tellement les arbres sont chargés de neige! Nelson C. et Gaétan rebroussent chemin un peu avant le sommet pour éviter l’arrivée de la noirceur; ils réaliseront une descente ultra rapide de 1h05!
Chantal et moi, comme planifié, continuons vers le sommet. Nous croisons une piste d’orignal à 900 mètres d’altitude, une présence plutôt rare à cette altitude. Les arbres sont de plus en plus fantomatiques; une lourde charge de verglas et de neige les recouvre! À 1000 mètres, belle surprise; le ciel est plus clair mais surtout, nous sommes au-dessus des nuages! On voit même quelques sommets environnants qui les transpercent! Le sentier, évident jusque-là, devient embêtant; à droite? À gauche? Dans le doute, nous nous rabattons sur la droite pour suivre le tracé GPX du SIA. Ce sera la section la moins agréable; on contourne, on doute et on voit finalement la tour, puis le refuge, couvert de givre. Notre ascension se termine un peu avant la tombée du jour! Nous pouvons délester nos lourds sacs à dos des bûches écologiques (5 livres de plus!), transportées depuis le départ et tout le contenu nécessaire pour passer la nuit au sommet.
Le refuge, même petit et bien aménagé peut accueillir 4 personne; Les rénovations effectuées dernièrement nous assurent un confort rustique avec en prime un poêle à combustion lente qui remplace la truie de jadis. Il y a même déjà un peu de bois ainsi qu’un chaudron pour la fonte de la neige. J’allume un feu avec l’espoir de chauffer facilement le refuge. L’espoir sera vain. Pour une raison encore un peu nébuleuse pour moi, le poêle ne donne que très peu de chaleur même bien chargé. Il chassera au moins l’humidité pendant notre séjour. Un peu de vino accompagne avec bonheur notre souper, qui lui sera bien chaud, grâce au petit MSR! La nuit très silencieuse sera réparatrice pour nous deux; on atteint le sommeil profond sans difficulté, bien calé dans nos sacs en duvet avec en tête le lever de lune magnifique qui nous a été offert.
Au matin, allumage d’un nouveau feu, peu utile, et déjeuner copieux accompagné d’un café Starbuck instantané; peu compliqué et pas si mauvais que ça… finalement dit Chantal du bout des lèvres! Après chargement des sacs et un ménage du refuge, nous chaussons nos skis givrés pour le retour. Cette fois, nous nous engageons sur le VRAI sentier. En quelques minutes, après le célèbre banc du haut de la falaise, on croise nos traces de la veille. Débute la première partie de la descente, en douceur mais serrée entre les arbres. Il faut être prudent puisque les petites épinettes cachées peuvent surprendre. Personnellement, je me sens peu adroit en ce début de première descente de la nouvelle saison. De retour sur le large chemin, nous pratiquons nos virages et savourons la belle glisse que procure cette neige presque poudreuse. En 2 heures, nous sommes de retour à notre véhicule. Quelle belle première fin de semaine de ski de la saison!