Parcours Montagne (bikepacking): Anticosti 2022

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« Une petite île pour les chasseurs à gros budget ». C’est pas mal ça que je pensais d’Anticosti avant de lire les récits de cyclistes ( Taavi Rutishauser entre autre) depuis quelques années. Même jusqu’à il y a quelques semaines, je ne la croyais pas très grande. Maintenant, je sais: elle est très très vaste!!!!  Notre petit voyage aura été initiatique. Pour moi, c’était une première pour goûter et comprendre… Comprendre quoi? Eh bien comment fonctionne ce territoire, comment les gens y vivent, comment des cyclistes peuvent la découvrir (ça demande des efforts et pas juste pour pousser les pédales).

L’ouest de l’ile est le territoire des résidents. Port-Menier et son port s’y trouvent et habrite environ 150 résidents permanents (12 mois par année mais clairement beaucoup plus en été). Ce secteur (Municipalité de L’Île-d’Anticosti) est dans ma compréhension un territoire public (Voir Destination Anticosti pour une présentation plus exhaustive). Vers l’est et jusqu’au kilomètre 62 de la Transanticostienne se trouve la Pourvoirie du Lac Geneviève. Cette pourvoirie est très vaste et offre quelques espaces officiels de camping en plus de chalets et gère la pêche et la chasse sur cette étendue. Presque tout le reste de l’île vers l’ouest est « SEPAQ » (carte générale d’Anticosti en pdf)  incluant le Parc National d’Anticosti. On y trouve aussi une autre pourvoirie, plus petite (Safari Anticosti) ainsi que 2 petites réserves écologiques. La fameuse Transanticostienne se termine au kilomètre 266 à Cap Sandtop après 256 kilomètres de gravier. Les incontournables pour l’approvisionnement sont l’épicerie (CCIA), la quincaillerie-dépanneur (Accomodeur Malouin – bonbonnes de combustibles de camping disponibles), tout deux près de l’entrée de la jetée (quai de Port-Menier) ainsi que le Resto chez Mario sur le Chemin de la Ferme. L’eau n’est pas potable (les chevreuils…) donc un filtre est recommandé si on s’éloigne du village. Les communications cellulaires sont  pratiquement inexistantes (début août 2022 mais ce serait fonctionnel maintenant). On peut s’y rendre en avion ou par bateau; dans notre cas ce fut une courte croisière sur le Bella Desgagné de Relais-Nordik.

Et le voyage? Il a failli ne pas se produire puisque nous n’avions pas de réservation pour le bateau à la suggestion (2 fois plutôt qu’une) de la préposée téléphonique de Relais-Nordik la semaine précédente. Le personnel sur place nous a quand même embarqué à la condition que nous poussions les vélos manuellement sur la passerelle, une écoutille et la salle à manger. Go! Départ vers 22h, tentative de dodo (pas fameux pour moi) sur une banquette, arrivée appréciée à Sept-îles au matin pour un déjeuner copieux et une visite touristique. On retourne en mer  pour la vraie arrivée à Port-Menier vers 19h30; attention de ne pas frapper de chevreuils avec le soleil couchant! Notre premier dodo se fait au très agréable Gite du Copaco.

Pour notre premier matin, la tâche première est de payer nos camping (théoriquement 2 fois à la Baie Martin) pour 2 soirs sur la pourvoirie puisque nous y serons. Puis, un petit passage à l’épicerie nous permet d’ajouter ce qui manque à nos fins de journée: de bonnes bières! Oui c’est lourd mais on compense en transportant seulement de la bouffe sec, pour 4 jours 😁 . On se lance directement sur la Transanticostienne (asphaltée au début puis en gravier) pour tourner au 8 milles sur un chemin disons tertiaire. C’est superbe mais le vélo de montagne est nécessaire et en a plein les bras! Il nous permet de couper plus court pour atteindre le chemin officiel qui se rend au phare et aux habitations de la Pointe Nord; endroit parfait pour casser la croute. C’est superbe! Un généreux employé de la pourvoirie nous suggère des améliorations à notre tracé; ce sera judicieux! Pour le reste de la journée, le chemin longe le fleuve sur plusieurs kilomètres pour nous emmener au Cap Caron via l’Anse Caron. On marche et roule même sur la plage pour admirer le Cap Blanc. Le dodo sera paisible. Je dors sur mes deux oreilles; pas d’ours ici!!!

Pour notre deuxième journée, on retourne sur nos pas pour 2 kilomètres jusqu’à l’Anse Caron puis on prend un peu d’altitude sur un autre chemin tertiaire. Tertiaire? Sur Anticosti, c’est ma classification. Tertiaire, c’est soit du caillou très grossier et ça brasse ou c’est boueux et en verdure; c’est ce que l’on a dans ce secteur. Il y a même les traces du dernier véhicule passé qui causent des rigoles déplaisantes. On redescend vers la Baie Martin et son camping pour diner. Ensuite, on remonte en altitude puis on se rend au Belvédère de la Pointe au Kakawis. C’est beau mais est-ce que ça valait l’effort? On repart vers notre objectif espéré de la journée (Ruisseau Blanc). On doit se taper 1 kilomètre sur un sentier de VTT qui au mieux est très peu utilisé. On reprend un chemin tertiaire qui passe près du Lac Ritchie puis on longe le Ruisseau Blanc dans notre descente vers son belvédère et sa plage. J’ai beaucoup aimé! Belle petite chute et bel endroit pour se laver! La nuit sera pluvieuse et une brume légère teintera l’ambiance au levé.

Pour la troisième journée, c’est le retour vers Port-Menier.  Une dizaine de kilomètres de chemin secondaire nous emmèneront vers la Transanticostienne. Est-on prêt pour se taper cinquante kilomètres de cette route de gravier? Chantal, le cerveau du tracé et l’instigatrice du projet n’est pas à son meilleur en cette matinée. On se motive à rouler aussi vite que l’on peut et se débarrasser de cette route lassante le plus rapidement possible. On rencontrera et serons dépassé par des dizaines de pickup blanc de la Sepaq, plusieurs camions de bois et d’autres voitures. Un gentil vacancier s’arrêtera même pour vérifier si tout allait bien. Passage obligé que nous aurions pu diminué en tendant notre pouce mais cette fois, cette première fois en territoire Anticostien, ce n’est pas dans le plan. Nous sommes de retour au village vers 13h30, assoiffés! Une petite razia à l’épicerie nous permet de refaire nos forces et la pause sur place nous offre plusieurs belles discussions ainsi qu’une invitation à un 5 à 7 en soirée.  Ce moment avec les locaux est précieux; on apprend plein de choses utiles pour la fin de ce voyage et pour le prochain! Nos deux prochaines nuits se feront au camping municipal (site de l’ancien Château Menier) grâce à l’efficace préposée de l’information touristique.

Au quatrième matin, Chantal est un peu moins en forme qu’à son normal mais tout de même assez pour explorer l’Ouest de l’île. Quelle belle journée nous aurons! Sans le savoir, notre tracé suivra celui nommé « Les sentiers de l’ouest » bien adapté au vélo et utilisé par les touristes de le Sepaq et leurs montures à assistance électrique. Nous passons par la très intéressante Anse aux fraises et le Cap de la Vache-qui-Pisse, puis la Pointe de l’Ouest et la superbe Pointe à la Goelette. Ce secteur autrefois habité est incroyable. On poursuit vers Baie Ste-Claire, le village initial conçu par Henri Menier.  On retourne à Port-Menier par la grosse route de gravier; on met la gomme pour limiter ce moment moins intéressant. Petit souper et soirée tranquilo…

Pour le cinquième et dernier matin, ma complice n’est vraiment pas en grande forme. On se ramasse et on va chiller au village en attendant notre bateau. Je pars seul explorer le Chemin de la Ferme et quelques autres coins pour mieux comprendre le village. On quitte l’île à l’heure prévue. Cette fois, nos vélos  montent dans le container à vélos et nous, on s’offre un petit luxe. On s’offre deux luxes en fait. On s’offre le souper de crabe à la cafétéria du Bella Desgagné  mais surtout, une cabine pour dormir dans un lit confortable! C’est parfait puisque le passage à Sept-îles sera tard en soirée; on n’en sera même pas conscient. La nuit sera excellente pour moi cette fois.

Nous serons de retour à Rimouski presque 7 jours après notre départ; c’est court pour explorer Anticosti mais c’est parfait pour une première fois qui nous aura permis de comprendre et se donner le goût de se territoire vaste et où la solitude est possible.

Fichier GPX de la boucle de l’est

Fichier GPX de la boucle de l’ouest

Références

Anticosti.net, pour vivre Anticosti autrement

Municipalité de L’Île-d’Anticosti

CATRA (Comité aviseur du territoire des Résidents)