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Sur le Pic de l’Aube
Toutes les occasions et tous les prétextes sont admissibles quand on désire skier dans les Chic-Chocs. Si par bonheur les astres s’alignent et offrent deux journées consécutives de soleil mur à mur, situation exceptionnelle en février, vous obtenez un bonheur complet; il faut bien sûr produire un certain effort physique!
Le Pic du Brulé et le Pic de l’Aube sont bien connus des randonneurs estivaux pour leurs imprenables points de vue. On oublie par contre qu’ils sont accessibles en hiver, si ce n’est par le défi que pose la relativement grande distance à parcourir pour s’y rendre. Ma complice d’aventure Chantal Quintin et moi avions planifié ceci:
- Départ tôt le samedi matin du stationnement de la Boussole au bord de la route 299
- Ascension des dix kilomètres de sentier durci par la motoneige jusqu’au refuge le Pluvier au bord du lac Cascapédia (un dénivelé positif de 390m)
- Diner et délestage des sacs (nous serions en autonomie)
- Aller-retour vers le Pic du Brûlé (12km – raisonnable) ou le Pic de l’Aube (24km – un peu optimiste)
- Repas et dodo au Pluvier
- Retour au stationnement via le refuge la Paruline (14,5km + 9,5km totalisant 24km)
Jour1: Comme prévu samedi, après 10 kilomètres de ski, l’arrivée, le délestage et un diner au Pluvier, nous avons réalisé l’ascension relativement douce du Pic du Brulé (790m) après le passage obligé par le lac Gouache. Afin d’atteindre le sommet, nous avons déchaussé les skis pour la dernière section très glacée. Un panorama absolument fantastique sous un soleil très présent, sans nuages pour entacher le bleu du ciel, s’est offert à nous. N’ayant plus de skis au pied, j’ai enfoncé jusqu’à la taille en m’approchant d’une petite épinette rabougrie et j’ai du m’extirper de ma délicate position. Nous sommes redescendu au refuge sous la lumière chaude de la fin de l’après-midi: 22 kilomètres de ski très agréable pour cette première journée. Par bonheur, nos futurs amis Benoit, Richard et Maxime, locataires eux aussi du Pluvier pour la soirée, avaient chauffé le poêle. Nous avons partagés un repas simple mais soutenant ainsi que de belles conversations puis sommes aller dormir tôt.
Jour 2: Dès notre réveil, malgré le froid relatif, il était clair que nous aurions droit à une deuxième journée superbe: aucun nuage à l’horizon! En dégustant notre gruau et notre bacon, arrosés d’un café à peine acceptable, à la blague des idées en apparence un peu folle sont lancées. Relèverait-on le défi de se rendre au Pic de l’aube pour revenir ensuite au stationnement (34 kilomètres) plutôt que skier les 24 kilomètres prévus? Ce serait ma plus grande distance de ski hors piste et de ski tout court; un vrai défi avec, on l’espérait, une vue imprenable. La décision fut prise rapidement! Nous avons chargé nos sacs de l’essentiel (eau, bouffe et matériel de sécurité) puis sommes remontés sur nos planches en empruntant la même première portion de sentier (jusqu’au lac Gouache); la glisse était bonne, meilleure que la veille.
On contrôle la descente
Le premier objectif de la journée se trouvait à environ 11 kilomètres devant nous, soit le refuge la Mésange, situé au pied du Pic de l’Aube à 845m d’altitude. Je m’attendais à une lente ascension sans fin ce qui ne fut pas le cas. Ce fut plus difficile, ce qui est peu fréquent dans les sentiers de skis nordiques de la Sepaq. Nous avons eu droit à plusieurs montées en paliers, abruptes, étroits, nécessitant d’utiliser nos bras et toutes les techniques d’angulation (le canard, le latéral, etc…) puisque nous repoussions le moment d’utiliser les peaux (elles ne seront pas sorties des sacs de la fin de semaine). Nous y avons même rencontré un groupe de 8 filles qui semblaient bien s’amuser, elles qui nous avaient tracé le sentier jusqu’au refuge. Pour pimenter le début de journée, les dénivelés pentus, n’étaient pas qu’ascendants; il a fallu user de courage, de prudence et de technique à quelques reprises. Suivant 3 heures de ce régime et la traversée de charmants lacs, nous avons mis le pied au joli refuge la Mésange.
La première tâche était d’allumer le poêle encore tiède pour mettre de la neige à fondre; l’eau sera récupérée à notre second passage. La seconde était de s’alimenter. Après ce repos, le combustion lente bien enflammé, nous avons attaqué les 1.3 kilomètres nous séparant du sommet du Pic de l’Aube à 920m; plus facile que prévu finalement si ce n’est de quelques lames de neige durcies, dont une qui me fit mettre un genou au sol!
L’effort n’était rien en comparaison de tout ce magnifique!
Nous avons bien pris le temps de nous imprégner de toute cette beauté, presque surréelle, puis sommes redescendu à la Mésange pour faire le plein du précieux liquide qu’est l’eau en période hivernale. Ensuite, nouvel objectif, retour au refuge le Pluvier en traversant ces lacs si jolis, quelques abruptes ascensions, des descentes techniques ou nous prendront même du plaisir et des kilomètres de faut plat descendants jusqu’au lac Cascapédia. Il sera atteint vers 16h30, avec des réserves d’énergie plutôt basses dans un refuge bien chaud où nous rencontrerons de nouveaux amis.
Grâce au repas de sécurité de ma prévoyante complice et au combustible de ces nouveaux amis, nous rechargeons nos batteries puis reprenons notre sport favori sous le ciel étoilé pour les dix derniers kilomètres vers le stationnement de la Boussole. En montant au début, pour tenter de tester notre moral, puis en douce descente pour alléger cette fin de périple. Nous terminerons bien fatigués, encore souriant de la portion de 4 kilomètres de descente à 10%, éclairés par nos faiblardes frontales! Cette deuxième journée aura satisfait nos appétits de skieurs: 34 kilomètres pas toujours facile mais combien magique! FORTEMENT RECOMMANDÉ!
Note 1: On ne retrouve pas sur le site de la Sepaq les sections de sentiers hivernaux du Pic du Brulé et du Pic de l’Aube sous la forme GPX pour utilisation sur GPS. Vous pouvez télécharger ma version de ces deux sentiers. À utiliser à vos risques et en vous servant de votre jugement.
Note 2: Déplacez votre souris sur les images pour lire les commentaires
C’est un départ!
On débute la lente ascension vers le lac Cascapedia
Le poste d’accueil du lac Cascapedia est enseveli!
Le refuge l’Hirondelle au lac Cascapedia
On ouvre en direction du Pic du Brûlé
Sur le point d’abandonner les skis (glace)
On grimpe sans les skis
L’effet Albedo en action
Somet du Pic du brulé, preuve à l’appui
On contrôle la descente
Parmi les fantômes
Superbe lac!
Des fantômes hors norme
Avant ou après la chute…
Sur le Pic de l’Aube
Magnifique!